Mairie : Différence entre versions
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« Ercé près Liffré (I-&-V) - la Mairie et la Place » La carte postale 944, éditée par E. Mary-Rousselière, Rennes, a beaucoup voyagé et a été reproduite dans maintes publications. Le cliché date du début du siècle dernier, mais nombreux sont encore les Ercéens qui se souviennent des lieux tels qu’ils étaient et allaient le rester jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, et même au-delà. Sans doute la tenue vestimentaire des écoliers avait un peu changé - les chapeaux étaient moins larges et moins longues les blouses - et les marronniers avaient pris de l’ampleur derrière les treize bornes de granit soutenant une lourde chaîne en guise de clôture de ce qui était alors la cour de récréation de l’école communale des garçons, au centre de laquelle se dressait une colonne de fonte surmontée du buste de la République regardant vers « la Grande Rue » et ses arbres majestueux, autre sujet de carte postale du même éditeur<ref>voir Revue « Au fil d’Ercé » n° 4, page 8</ref>. | « Ercé près Liffré (I-&-V) - la Mairie et la Place » La carte postale 944, éditée par E. Mary-Rousselière, Rennes, a beaucoup voyagé et a été reproduite dans maintes publications. Le cliché date du début du siècle dernier, mais nombreux sont encore les Ercéens qui se souviennent des lieux tels qu’ils étaient et allaient le rester jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, et même au-delà. Sans doute la tenue vestimentaire des écoliers avait un peu changé - les chapeaux étaient moins larges et moins longues les blouses - et les marronniers avaient pris de l’ampleur derrière les treize bornes de granit soutenant une lourde chaîne en guise de clôture de ce qui était alors la cour de récréation de l’école communale des garçons, au centre de laquelle se dressait une colonne de fonte surmontée du buste de la République regardant vers « la Grande Rue » et ses arbres majestueux, autre sujet de carte postale du même éditeur<ref>voir Revue « Au fil d’Ercé » n° 4, page 8</ref>. | ||
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− | Quant à l’horloge et son impressionnant mécanisme, « leur poids menaçant une partie de la stabilité de l’édifice » on dut prendre des mesures adéquates. Notons encore que « la tradition rapporte que cette horloge constitue le paiement en nature d’une amende infligée à un commerçant de la commune qui utilisait un matériel non conforme de pesée »<ref>Le Patrimoine des Communes d’Ille et Vilaine » Ed Le Flohic Tome 1, p 799</ref. | + | Quant à l’horloge et son impressionnant mécanisme, « leur poids menaçant une partie de la stabilité de l’édifice » on dut prendre des mesures adéquates. Notons encore que « la tradition rapporte que cette horloge constitue le paiement en nature d’une amende infligée à un commerçant de la commune qui utilisait un matériel non conforme de pesée »<ref>Le Patrimoine des Communes d’Ille et Vilaine » Ed Le Flohic Tome 1, p 799</ref>. |
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+ | == Le Monument de la République == | ||
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+ | Au centre de la cour de récréation, exactement au niveau de la porte de l’actuelle salle du C.C.A.S., se dressait une colonne de fonte surmontée d’un buste de femme symbolisant la République. On l'appelait « Marianne ». D’aucuns préféraient voir « la Liberté » personnifiée dans cette magnifique statue de bronze portant gravée sur son socle la date de la promulgation des Droits de l’Homme et du Citoyen »<ref>Le Courrier Breton 23 février 1902</ref>. | ||
+ | Quoiqu’il en soit, pour les gamins de l’époque, c’était Marianne et un lieu stratégique. En effet l’ensemble reposait sur une base de marbre dont chacun des quatre côtés était constitué de trois marches en pente, et donc glissantes. Ce perchoir était fort convoité et toujours occupé, à la récré, par une grappe d’intrépides s’accrochant tant bien que mal au socle, d’où ils avaient l’impression de dominer la plèbe s’agitant autour d’eux. Mais les places y étaient aussi chères qu’éjectables. | ||
+ | Cette statue - officiellement « Monument de la République » comme l’indique un document de l’époque obligeamment communiqué par Marcel Cudelou, maire honoraire - avait été offerte par Yves Guyot, du Bordage, alors ministre des Travaux Publics ( 1889 - 1892 ), François Huchet étant maire et Jean Moulin adjoint. Son inauguration eut lieu le dimanche 28 juillet 1890 et fut l’occasion d’un grand banquet républicain. Le menu illustré par un certain Louis Bonnie représentait le monument frappé du monogramme « R. F. » près duquel se tenait, debout, une jeune femme enserrant d’une main les plis d’un drapeau et brandissant de l’autre une coupe, avec à ses pieds des outils et matériels représentatifs des activités locales : charrue, faux, masse et pressoir. Le menu : | ||
+ | Potage : tapioca, consommé au pain. | ||
+ | Bœuf nature, rouelles de veau, canards aux petits pois, blanquette de veau. Rôtis : gigot de pré-salé, poulets, veau. | ||
+ | Légumes : petits pois, haricots verts. | ||
+ | Dessert : champagne Sillery supérieur ; café. | ||
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+ | Ce banquet se déroula dans la grande classe de l’école (actuelle salle du conseil) débarrassée de ses tables et bancs, tout comme ceux des comices agricoles de 1900 et 1933. | ||
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+ | Ainsi pendant plus d’un demi-siècle Marianne veilla sur la population d’Ercé, forte de 1510 âmes en 1896. Et puis vinrent les années noires de l’Occupation. Le dimanche 31 janvier 1943, « la milice de Vichy attaqua le monument de la République à coups de masse, pour récupérer le bronze afin d’en fabriquer des munitions »<ref>L’histoire de ma ville, de 1940 à nos jours » - Société générale / Ouest-France du 26 septembre 2001</ref>. Des témoins de la scène précisent : « Ils étaient une quinzaine, venus à bord dʼun camion Citroën en début dʼaprès-midi ; ils repartirent en emportant la tête en bronze et en laissant sur place le fût en fonte ». Après la guerre, Melle Yvonne Guyot, qui habitait le Bordage, exprima le désir de voir remplacé le monument offert par son père. Elle entreprit des démarches en ce sens mais mourut, en avril 1949, sans qu’elles aient abouti. | ||
== Notes et Références == | == Notes et Références == |
Version actuelle datée du 16 avril 2021 à 21:51
Le projet de construction de la mairie-école d'Ercé remonte à 1862 et sa conception est confiée à l'architecte Lagarde. L'architecte Leverrier conçoit en 1883 un projet d'agrandissement qui est approuvé le 20 septembre 1884. Le bâtiment se présente comme un corps à deux ailes en retour d'équerre. Le rez-de-chaussée comprenait trois salles de classe. Le premier étage, la salle du conseil municipal et le logement de l'instituteur.
La mairie et la place
« Ercé près Liffré (I-&-V) - la Mairie et la Place » La carte postale 944, éditée par E. Mary-Rousselière, Rennes, a beaucoup voyagé et a été reproduite dans maintes publications. Le cliché date du début du siècle dernier, mais nombreux sont encore les Ercéens qui se souviennent des lieux tels qu’ils étaient et allaient le rester jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, et même au-delà. Sans doute la tenue vestimentaire des écoliers avait un peu changé - les chapeaux étaient moins larges et moins longues les blouses - et les marronniers avaient pris de l’ampleur derrière les treize bornes de granit soutenant une lourde chaîne en guise de clôture de ce qui était alors la cour de récréation de l’école communale des garçons, au centre de laquelle se dressait une colonne de fonte surmontée du buste de la République regardant vers « la Grande Rue » et ses arbres majestueux, autre sujet de carte postale du même éditeur[1].
Aujourd’hui, les marronniers ne sont plus là. Un pylône électrique disgracieux avait pris la place de l’un d’eux (jusqu'à l'effacement des réseaux en 2007). Aujourd'hui quelques lampadaires ont surgi qui se font le plus discrets possible. La statue de la République a disparu, elle aussi, depuis longtemps. Enfin, et surtout, il n’y a plus d’écoliers dans la cour... car il n’y a plus d’école ici ! Dans le Livre de Paroisse sous l'année 1971, on trouve : Il nʼy a plus quʼune école publique mixte regroupée à la Croix-de-lʼÉcu, laissant le local de la mairie disponible pour être Cité Administrative intégrant Poste, bureau et accueil pour le Percepteur, Crédit Agricole, bibliothèque, dispensaire, lʼancienne cour étant aménagée en jardin anglais avec parking.
Le transfert effectué, l’on procéda à la rénovation de l’édifice datant de 1862, en veillant à conserver son aspect extérieur. En grès et granit, il aurait pu paraître un peu austère sans l’apport du tuffeau autour de la porte et des fenêtres du bâtiment central, comportant un fronton avec horloge et flanqué de deux ailes dont la construction fut entreprise ultérieurement ; ici les encadrements des ouvertures sont en granit, et toutes les deux sont égayées d’un œil- de-bœuf. Telle quelle « la façade imposante rappelle modestement celle d’un hôtel de ville urbain »[2].
L'Horloge
Quant à l’horloge et son impressionnant mécanisme, « leur poids menaçant une partie de la stabilité de l’édifice » on dut prendre des mesures adéquates. Notons encore que « la tradition rapporte que cette horloge constitue le paiement en nature d’une amende infligée à un commerçant de la commune qui utilisait un matériel non conforme de pesée »[3].
Le Monument de la République
Au centre de la cour de récréation, exactement au niveau de la porte de l’actuelle salle du C.C.A.S., se dressait une colonne de fonte surmontée d’un buste de femme symbolisant la République. On l'appelait « Marianne ». D’aucuns préféraient voir « la Liberté » personnifiée dans cette magnifique statue de bronze portant gravée sur son socle la date de la promulgation des Droits de l’Homme et du Citoyen »[4]. Quoiqu’il en soit, pour les gamins de l’époque, c’était Marianne et un lieu stratégique. En effet l’ensemble reposait sur une base de marbre dont chacun des quatre côtés était constitué de trois marches en pente, et donc glissantes. Ce perchoir était fort convoité et toujours occupé, à la récré, par une grappe d’intrépides s’accrochant tant bien que mal au socle, d’où ils avaient l’impression de dominer la plèbe s’agitant autour d’eux. Mais les places y étaient aussi chères qu’éjectables. Cette statue - officiellement « Monument de la République » comme l’indique un document de l’époque obligeamment communiqué par Marcel Cudelou, maire honoraire - avait été offerte par Yves Guyot, du Bordage, alors ministre des Travaux Publics ( 1889 - 1892 ), François Huchet étant maire et Jean Moulin adjoint. Son inauguration eut lieu le dimanche 28 juillet 1890 et fut l’occasion d’un grand banquet républicain. Le menu illustré par un certain Louis Bonnie représentait le monument frappé du monogramme « R. F. » près duquel se tenait, debout, une jeune femme enserrant d’une main les plis d’un drapeau et brandissant de l’autre une coupe, avec à ses pieds des outils et matériels représentatifs des activités locales : charrue, faux, masse et pressoir. Le menu : Potage : tapioca, consommé au pain. Bœuf nature, rouelles de veau, canards aux petits pois, blanquette de veau. Rôtis : gigot de pré-salé, poulets, veau. Légumes : petits pois, haricots verts. Dessert : champagne Sillery supérieur ; café.
Ce banquet se déroula dans la grande classe de l’école (actuelle salle du conseil) débarrassée de ses tables et bancs, tout comme ceux des comices agricoles de 1900 et 1933.
Ainsi pendant plus d’un demi-siècle Marianne veilla sur la population d’Ercé, forte de 1510 âmes en 1896. Et puis vinrent les années noires de l’Occupation. Le dimanche 31 janvier 1943, « la milice de Vichy attaqua le monument de la République à coups de masse, pour récupérer le bronze afin d’en fabriquer des munitions »[5]. Des témoins de la scène précisent : « Ils étaient une quinzaine, venus à bord dʼun camion Citroën en début dʼaprès-midi ; ils repartirent en emportant la tête en bronze et en laissant sur place le fût en fonte ». Après la guerre, Melle Yvonne Guyot, qui habitait le Bordage, exprima le désir de voir remplacé le monument offert par son père. Elle entreprit des démarches en ce sens mais mourut, en avril 1949, sans qu’elles aient abouti.
Notes et Références
- ↑ voir Revue « Au fil d’Ercé » n° 4, page 8
- ↑ Le Patrimoine des Communes d’Ille et Vilaine » Ed Le Flohic Tome 1, p 799
- ↑ Le Patrimoine des Communes d’Ille et Vilaine » Ed Le Flohic Tome 1, p 799
- ↑ Le Courrier Breton 23 février 1902
- ↑ L’histoire de ma ville, de 1940 à nos jours » - Société générale / Ouest-France du 26 septembre 2001