Eglise
[Catégorie:Lieux et monuments]] L'Eglise d'Ercé
Si la mairie constitue le cœur d’une commune, l’église est l’âme d’une paroisse, celle-ci étant souvent antérieure à celle-là. C’est ainsi que l’on trouve mention de l’Eglise d’Ercé ( en tant qu’institution ) dans un acte officiel vieux de près de mille ans. Une église paroissiale existait à Ercé dès la première moitié du XIe siècle puisque à cette date, le duc de Bretagne Alain III faisait don d'un tiers du sanctuaire aux moines de Marmoutiers. L'ancienne église qui subsista jusqu'au milieu du XIXe siècle et que l'on voit figurée sur le cadastre de 1826 paraît avoir été réédifiée au moins en partie en 1465.
Histoire ecclésiale
Citant Guillotin de Corson et son " Pouillé Historique ", ainsi que Paul Sébillot, Joseph Daniel, en son “ Histoire de chez nous ”, fait remonter l’histoire ecclésiale jusqu’à l’an mille. Il nous apprend en effet que “ du temps d’Eberard, abbé de Marmoutiers (près de Tours) de 1015 à 1032, Alain, comte de Bretagne, voulant contribuer au rétablissement du monastère de Gahard, donna aux religieux de Marmoutiers le tiers de l’Eglise d’Ercé (Ecclesia Herciaca) avec autant de terres qu’en peut labourer une charrue en un jour, et tous les cens et dîmes de cens lui appartenant dans cette paroisse. Ce qu’approuva Guérin, évêque de Rennes ”. Cadeau empoisonné peut-être pour le Prieur de Gahard tellement l’église (l’édifice) était alors “ indigente de restauration ”. Et c’est sans doute la raison pour laquelle les moines de Marmoutiers n’en prirent point possession. Un peu plus tard, du temps de Conan, duc de Bretagne (1040) elle fut revendue aux moines de Saint-Florent (en Anjou) à charge pour eux de faire bâtir à pierre et à chaux le “ chanceau ” (chœur) de cette église ; ce qui prouve qu’elle était en bois et vraisemblablement en mauvais état. Ces mêmes moines devaient, en 1055 faire l’acquisition d’un moulin à eau “ situé sur les bords de l’Islet, aux confins d’Ercé et de Gahard, cédé, avec tous ses droits de pêche et de mouture ”, par Fulbert, l’un des quatre Chevaliers de Lisvaret alors propriétaires d’une moitié des biens ecclésiastiques d’Ercé. Nul besoin d’être grand clerc pour imaginer qu’au fil des siècles le sanctuaire subit les outrages du temps et des hommes. A dire vrai plusieurs édifices se succédèrent, l’avant-dernier datant du 16 ème. Cette ancienne et modeste église (25 m de long sur 7 ou 8 de large) était, contrairement à l’actuelle, orientée à l’est, l’abside se situant à l’emplacement de la “ grande porte ” d’aujourd’hui. Pendant la Révolution elle fut l’objet d’un saccage en règle : ornements liturgiques, objets du culte, statues, bancs ... furent sortis et entassés sur la place, et l’on y mit le feu en fin d’après-midi. Le lendemain matin un paroissien, du nom de Bodin, remarqua dans les cendres encore fumantes la tête intacte d’une statue en bois polychrome : c’était celle de saint Jean-Baptiste, patron de la paroisse. Il la recueillit et la mit en lieu sûr[1]. Elle existe toujours et lors de la messe de la fête patronale, elle est parfois exposée dans le chœur.
L’ancienne église était entourée, comme partout à cette époque, du cimetière, lequel fut, en 1835, jugé par le conseil municipal “ trop petit et non légalement situé ”. Le nouveau, à la Croix-de-l’Ecu, fut bénit le 23 août 1840, et “ entra en service aussitôt ”
l'Eglise actuelle
Après le cimetière, ce fut au tour de l’église de disparaître : sa démolition fut entreprise en 1847, la construction de la nouvelle débutant en octobre de la même année pour s’achever le 3 mars 1849, sous le rectorat de Marie-François Allys, note le “ Livre de Paroisse ”, qui précise encore : “ Elle a coûté 25 052 F 35 c ”. Toutefois, on conserva la tour ancienne avec ses deux cloches. Restait à procéder à son aménagement : il allait se poursuivre plusieurs années durant. On commença par installer les bancs dans la nef, au nombre de 36. En 1850 fut mis en place le maître-autel, acheté d’occasion : il provenait de l’église Notre-Dame de Rennes. Il devait être remplacé en 1922 par un autre ( l’actuel ), lui aussi d’occasion que l’on flanquera de deux piédestaux destinés à recevoir les statues de St Jean-Baptiste et de St Pierre ; un demi-siècle plus tard ces deux statues allaient prendre place à l’entrée du chœur, après la sup- pression de la balustrade qui l’isolait de la nef, en application de la réforme liturgique initiée par le concile Vatican II. Les autels latéraux, dédiés à la Vierge et à Sainte Anne, reçurent en 1852 quatre petites statues avec leur reliquaire représentant St Louis de Gonzague, St Vincent de Paul, St François-Xavier et St Joachim. Après avoir noté que les fonts baptismaux, en marbre, furent mis en place en 1856, et les boiseries du chœur en 1859, on aura une idée de ce qu’était la nouvelle église il y a quelque 150 ans. Mais elle n’avait toujours pas son nouveau clocher. Pour ce qui est de l’ “ ornementation ” (tableaux, vitraux, luminaires...) le Livre de Paroisse nous révèle que ce fut, le plus souvent, l’œuvre de “ bienfaiteurs de l’Eglise ”, à titre individuel ou collectivement - d’où la mention “ Don des paroissiens ” figurant sur certaines œuvres. Le premier de ces “ cadeaux assez importants ” ( sic ) fut le chemin de croix donné, en octobre 1850, par Melle Leroy de la Trochardais, demeurant à la Mézerette.
En revanche, ce furent cinquante-trois personnes, nommément citées, qui contribuèrent à l’acquisition de la statue de la Sainte Vierge, placée au-dessus de l’autel latéral sud et bénite le 1er mai 1859. Au-dessus du chœur, deux tableaux du 18 ème siècle se faisaient face : Le Baptême de Jésus dans le Jourdain, par Jean-Baptiste, et Sainte Véronique essuyant le visage du Christ pendant sa montée au Calvaire, ce dernier étant signé du rennais Gilles Duparc ( 1741 ). Ces deux tableaux étant “ assez détériorés ” la municipalité décida, il y a deux ans, de les confier à un atelier de restauration, afin de remettre en valeur ce patrimoine religieux d’Ercé ( 3 ). De tout temps les églises - cathédrales ou basiliques, abbatiales ou paroissiales - ont bénéficié de dons et offrandes de la part de fidèles “ reconnaissants ”. Et beaucoup de sanctuaires possèdent un “ trésor ” constitué au cours des siècles : vases sacrés ( cali- ces, ciboires ) en métal précieux finement ciselé, vêtements liturgiques ( chasubles et chapes ), brodés d’or ou d’argent, ; missels richement enluminés, etc. Mais depuis la réforme conciliaire on a parfois vu de ces “ objets du culte ” chez des antiquaires ... L’église d’Ercé avait, elle aussi, son trésor : un calice “ classé par les Beaux-Arts, de plus de 28 centimètres de haut, sa coupe en argent repoussé ayant 10 cm de large, et la patène en argent massif 19 cm de diamètre ”, l’ensemble “ merveilleusement ciselé ” représentant des scènes de la Passion “ entourées de splendides motifs d’ornemen- tation... ” ( 4 ). “ Le vieux calice ” - ainsi le désignait-on - portait gravée sous le pied cette inscription : “ Ce présent calice a esté donné en la paroisse de Sainct Jan dʼErcé par Michel le Monnier et Julienne Gandon sa compagne - 1653. ” Deux lustres sont suspendus au-dessus de l’allée centrale. Le premier, à l’entrée du chœur, comporte deux larges cercles en métal doré, de diamètres différents. Le second, au centre de la nef, était constitué d’un ensemble de pièces de verre, de tailles et de formes dif- férentes harmonieusement disposées, qui tintinnabulaient lorsque par inadvertance un porteur occasionnel de croix ou de bannière l’accrochait ; ce n’était jamais bien méchant et il en était quitte pour un long balancement. Toutefois, un sérieux avatar, à la fin des années trente, devait lui faire perdre beaucoup de son ... lustre : un matin, en pénétrant dans l’église pour sonner l’Angélus, le sacristain découvrit “ le lustre en verre ” affalé, écrasé sur le ciment, le long câble le reliant au plafond gisant dans l’allée et sur les bancs voisins. Le recteur arriva bien vite sur les lieux, rejoint par quelques paroissiennes ;
Notes et Références
- ↑ L. Gieu, in “ l’Eglise de chez nous. Doyenné de l’Illet ” N° 107. Septembre 2001